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Les prochains cafés-philo …


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Le travail va-t-il disparaître ?
à déterminer
Pierre-Jean Dessertine

Le café-philo d'Apt ne pourra plus se réunir au Restaurant de La Tour de l'Ho. Il recherche un lieu d'accueil sur Apt.

Ce peut être un autre établissement bar-restaurant, ou aussi un espace dans un établissement public s'il permet d'apporter une collation à consommer sur place dans le respect des lieux.

Email :
cafephilo.apt@gmail.com


Café-philo du 12 avril

Lien pour consulter le texte détaillé de l'intervention : http://seulsdanslecosmos.hautetfort.com/archive/2013/04/index.html


Faut-il tout déconstruire ?

présenté par Martin VIDECOQ 

 Que reste-t-il de l'humanisme et des droits de l'homme après les philosophies de la déconstruction, qui ont proclamé la fin de la métaphysique ?




Questionnons d’abord la question : Qu’est-ce que la déconstruction ? Et pourquoi poser cette question ?

« La déconstruction est une méthode, voire une école, de la philosophie contemporaine. Cette pratique d'analyse textuelle s'exerce sur de nombreux types d'écrits (philosophie, littérature, journaux), pour révéler les décalages et confusions de sens qu'ils font apparaître par une lecture centrée sur les postulats sous-entendus et les omissions dévoilés par le texte lui-même.

Ce concept, participant à la fois de la philosophie et de la littérature, a eu un grand écho aux États-Unis, où il est assimilé à la philosophie postmoderne, et plus globalement à l'approche divergente de la philosophie continentale d'Europe. Si le terme « déconstruction » a d'abord été utilisé par Heidegger, c'est l'œuvre de Derrida qui en a systématisé l'usage et théorisé la pratique. »
Wikipedia « Heidegger et le nazisme »

Derrida, bien sûr, très connu, surtout aux Etats-unis, mais très abscons, très hermétique. Heidegger, dont beaucoup disent qu’il est parmi les plus grands philosophes du 20e siècle … Mais son adhésion au parti nazi me reste en travers de la gorge (il y est resté de 1933 à 1945, de façon active de 1933 à 1934, puis comme Mitläufer, comme « compagnon de route »).

Peut-on séparer l’homme du philosophe ? Et quel regard porter sur l’œuvre d’un homme qui a été au mieux un annonciateur puis un suiveur de l’idéologie nazi, au pire un partisan enthousiaste puis honteux de Hitler et de son régime. Qu'y avait-il dans le nazisme de si fort, de si entraînant, pour faire croire, même à un admirateur des Grecs, qu'il y avait de ce côté quelque solution à la crise gravissime qui affectait le monde à ce moment ?
Le débat est toujours ouvert …

La déconstruction de la métaphysique

Mais l’intérêt de cette controverse ne tient pas dans les querelles sur Heidegger, mais plutôt sur sa volonté proclamée de déconstruction de la métaphysique.

« La métaphysique est une branche de la philosophie et de la théologie qui porte sur la recherche des causes, des premiers principes. Elle a aussi pour objet la connaissance de l'être absolu comme première cause, des causes de l'univers et de la nature de la matière. Elle s'attache aussi à étudier les problèmes de l’origine de l’homme, de la connaissance, de la vérité et de la liberté»
Wikipedia, métaphysique

La métaphysique est le savoir de l'agencement sous-jacent qu'il y a en-deçà des manifestations de la nature et en fait l'unité. L'ontologie est la partie de la métaphysique qui s'occupe de l'être en tant qu'être. La doctrine des Idées de Platon est une métaphysique. L'atomisme de Démocrite est une ontologie (et aussi une métaphysique matérialiste).

La déconstruction me semble s'attaquer de manière privilégiée à la métaphysique qui justifie une place éminente de l'homme dans la nature : l'homme seul être qui se définit lui-même doit parachever l’œuvre de Dieu (Pic de la Mirandole) ; l'homme, le seul être raisonnable est la finalité de la nature (Kant). Ce sont des formulation de l'humanisme.

L'humanisme classique
L'humanisme est un mouvement de pensée qui s'est développé en Italie pendant la Renaissance, en réaction au dogmatisme rigide du Moyen Age. Il propose de renouer avec les valeurs, la philosophie, la littérature et l'art de l'Antiquité classique qu'il considère comme le fondement de la connaissance.

L'humanisme propose de nouvelles valeurs fondées sur la raison et le libre-arbitre.
Quelques humanistes :
Pétrarque (1304-1374), Boccace (1313-1375), Léonard de Vinci (1452- 1519), Jean Pic de la Mirandole (1463-1494), Erasme (v. 1466-1536), Guillaume Budé (1467-1540), Thomas More (1478-1535)...


L'humanisme moderne
Par extension, dans son sens moderne, l'humanisme désigne tout mouvement de pensée idéaliste et optimiste qui place l'homme au-dessus de tout, qui a pour objectif son épanouissement et qui a confiance dans sa capacité à évoluer de manière positive. L'homme doit se protéger de tout asservissement et de tout ce qui fait obstacle au développement de l'esprit. Il doit se construire indépendamment de toute référence surnaturelle.

Philosophies parfois antagonistes pouvant êtres qualifiées d'humanistes : la philosophie des Lumières, l'existentialisme, le libéralisme, le marxisme...

L’humanisme débouche sur les « droits de l’homme », considérés comme universaux.

La déconstruction de la métaphysique, incluant une mise en question radicale de toute pensée du propre de l’homme, des droits, de l’autonomie et de la subjectivité démocratique ne débouche-t-elle pas sur la négation de l’humanisme et des droits de l’homme ?

Heidegger était sur ce point cohérent, sa critique de l’humanisme l’ayant conduit vers le nazisme et non vers la démocratie.

Dans les années 60, l’intelligentsia universitaire française était dominé par la philosophie de la déconstruction, dans le sillage de Nietzsche et de Heidegger, laquelle dénonçait l’illusion d’un sujet libre, soutenu sur ce point par les courants marxistes et freudo-lacanienne.

L’humanisme bêlant (Foucault contre Sartre) était considéré soit comme une idéologie petite-bourgeoise, soit comme l’illusion suprême de la métaphysique occidentale.


Nous tenterons au cours de ce débat de comprendre ce qui reste de l'humanisme et d'examiner les tentatives de reconstruction d'un humanisme athée.