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Pierre-Jean Dessertine

Le café-philo d'Apt ne pourra plus se réunir au Restaurant de La Tour de l'Ho. Il recherche un lieu d'accueil sur Apt.

Ce peut être un autre établissement bar-restaurant, ou aussi un espace dans un établissement public s'il permet d'apporter une collation à consommer sur place dans le respect des lieux.

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28/02/2014 : Métaphysique et Religion

Le sujet proposé "Métaphysique et Religion" étant très vaste, je me contenterai de développer la conception Schopenhauerienne de la Métaphysique, puis de présenter les réponses des principales religions à la question du mal et de la souffrance.


1. La métaphysique selon Sophie ("Le monde de Sophie" de Jostein Gaarder)
Qui es-tu ?

D’où vient le monde ?
-          D’où vient  l’univers ?
-          Y a-t-il eu un commencement ?
-          Le monde a-t-il été créé ou est-il hors du temps ?
-          Existe-t-il un principe premier dont tout découlerait ?

Pourquoi es-tu ?
-          Pourquoi y a-t-il quelque-chose plutôt que rien ?
-          Pourquoi le monde a-t-il été créé ?
-          Quelle est la place de l’homme dans l’univers ?
-          Que se passe-t-il  après la mort ?
-          Avons-nous une âme immortelle ?

Où vas-tu ?
-          Crois-tu au destin ? Quelles forces gouvernent le cours de l’histoire ? L’homme est-il libre ?
-          D’où viennent le mal et la souffrance ? La maladie est-elle une punition des dieux ?

2. Métaphysique et religion selon Schopenhauer
Philosophe très original, disciple de Kant, Il préfère la première version de la Critique de la raison pure, car il réprouve, entre autres, le « théisme » dont Kant aurait fait preuve lors de ses corrections postérieures à la première édition.
Il intègre des sources liées à l’hindouisme (les uphanishad et bouddhisme)

A trente ans, il écrit sa Grande Œuvre : Le monde comme volonté et comme représentation dont le chapitre XVII s’intitule SUR LE BESOIN MÉTAPHYSIQUE DE L’HUMANITÉ

Pour Arthur Schopenhauer, le monde, - ou encore, l'Univers -, est à envisager, d'abord, comme étant une représentation (Vorstellung, la traduction la plus exacte serait « présentation », ce qui se présente devant) du sujet connaissant, et, toute « représentation » suppose une division originaire et donc une distinction entre un « sujet » et un « objet ».

Le "sujet connaissant" ne se connait pas réflexivement comme tel; il ne se connait que comme volonté qui, elle, ne peut se connaître qu'à travers ce qu'elle produit comme son autre, à savoir le "sujet connaissant". "Sujet connaissant" et Volonté constituent donc une sorte de "dyade" qui n'existe véritablement que dans leur relation dialectique. "sujet" et d'"objet" ne sont pas des "absolus" qui pourraient exister et être conçus en dehors de leur différence conflictuelle mais néanmoins complémentaire.

Citations :
La conscience et la réflexivité
Excepté l'homme, aucun être ne s'étonne de sa propre existence.
C'est chez l’homme, avec l'apparition de la raison, que l'essence intime de la nature s'éveille pour la première fois à la réflexion ; elle s'étonne de ses propres œuvres et se demande à elle-même ce qu'elle est.
De cette réflexion et de cet étonnement naît le besoin métaphysique qui est propre à l'homme seul. L'homme est un animal métaphysique.

La mort , la douleur, la misère, l’immortalité
Sans aucun doute, c'est la connaissance des choses de la mort et la considération de la douleur et de la misère de la vie, qui donnent la plus forte impulsion à la pensée philosophique et à l'explication métaphysique du monde.
Si notre vie était infinie et sans douleur, il n'arriverait à personne de se demander pourquoi le monde existe, et pourquoi il a précisément telle nature particulière, mais toutes choses se comprendraient d'elles-mêmes. Aussi voyons-nous que l'intérêt irrésistible des systèmes philosophiques ou religieux réside tout entier dans le dogme d'une existence quelconque, qui se continue après la mort. Certes, les religions ont l'air de considérer l'existence de leurs dieux comme la chose capitale, et elles la défendent avec beaucoup de zèle; mais au fond, c'est parce qu'elles ont rattaché à cette existence leur dogme de l'immortalité, et qu'elles regardent celle-ci comme inséparable de celle-là : c'est l'immortalité qui est proprement leur grande affaire.

Le besoin métaphysique de l’homme
Les temples et les églises, les pagodes et les mosquées, dans tous les pays, à toutes les époques, dans leur magnificence et leur grandeur, témoignent de ce besoin métaphysique de l'homme, qui, tout puissant et indélébile, vient aussitôt après le besoin physique.

Il paraît pourtant que pendant les premiers âges de notre globe, il n'en était pas ainsi. Les premiers hommes, qui étaient beaucoup plus près que nous des origines de l'espèce humaine et des commencements de la nature organique, avaient aussi, soit une puissance intuitive beaucoup plus énergique, soit une disposition d'esprit plus juste, qui les rendait plus capables de saisir immédiatement l'essence de la nature, et qui par conséquent leur permettait de satisfaire en eux le besoin métaphysique d'une façon plus complète : ainsi naquirent chez les ancêtres des Brahmanes les Richis, et ces conceptions presque surhumaines, qui furent déposées plus tard dans les Oupanishads des Védas. (découverte de l’ordre cosmique)

Les prêtres et les philosophes
En revanche, on n'a jamais manqué de gens qui se sont efforcés de tirer leur subsistance de ce besoin métaphysique, et qui l'ont exploité autant qu'ils ont pu : chez tous les peuples, il s'est rencontré des personnages pour s'en faire un monopole, et pour l'affermer: ce sont les prêtres.

Une seconde, quoique moins nombreuse, catégorie d'individus qui tirent leur subsistance de ce besoin métaphysique de l'humanité, ce sont ceux qui vivent de la philosophie. Chez les Grecs, on les appelait sophistes, et chez les modernes, professeurs de philosophie.

Voyons maintenant d'un coup d'œil général les différentes façons de satisfaire ce besoin métaphysique si impérieux.

Les 2 métaphysiques
Par métaphysique, j'entends tout ce qui a la prétention d'être une connaissance dépassant l'expérience, c'est-à-dire les phénomènes donnés, et qui tend à expliquer par quoi la nature est conditionnée dans un sens ou dans l'autre, ou, pour parler vulgairement, à montrer ce qu'il y a derrière la nature et qui la rend possible.

Aussi, chez les peuples civilisés, trouvons-nous en gros deux espèces de métaphysiques, qui se distinguent l'une de l'autre, en ce que l'une porte en elle-même sa confirmation, et que l'autre la cherche en dehors d'elle.

1.  La réflexion, la culture, les loisirs et le jugement, telles sont les conditions qu'exigent les systèmes métaphysiques, de la première espèce, pour contrôler la confirmation qu'ils se donnent à eux-mêmes; aussi ne sont-ils accessibles qu'à un très petit nombre d'hommes, et ne peuvent-ils se produire et se conserver que dans les civilisations avancées. (et les café-philo !)

2. C'est pour la multitude au contraire, pour des gens incapables de penser, que sont faits exclusivement les systèmes de la seconde espèce. La foule ne peut que croire et s'incliner devant une autorité, le raisonnement n'ayant pas de prise sur elle. Nous appellerons ces systèmes des métaphysiques populaires, par analogie avec la poésie et la sagesse populaire (sous ce dernier nom on entend les proverbes). Cependant ils sont appelés communément Religion et se trouvent chez tous les peuples, excepté les plus anciens.

Ces deux sortes de métaphysiques, dont les différences se résument en deux appellations : Doctrines de Foi et Doctrines de Raison, ont cela de commun, que de part et d'autre les systèmes particuliers de chaque espèce sont en guerre ensemble. Entre ceux de la première, la lutte se réduit à la discussion ou au pamphlet; mais entre ceux de la seconde, c'est avec le feu et le glaive que l'on se combat.


Religion et philosophie
Est-ce qu'une religion a besoin des suffrages de la philosophie ? Elle a tout pour elle : révélation, écritures, miracles, prophéties, appui des gouvernements, l'adhésion et le respect de tout le monde, des milliers de temples où elle est prêchée et où l'on célèbre ses cérémonies, des corps sacerdotaux assermentés, et, ce qui vaut mieux que tout cela, le privilège inappréciable de pouvoir inculquer ses doctrines aux enfants dès l'âge le plus tendre, et d'en faire pour ainsi dire, dans leurs cerveaux, des idées innées. Quand on est ainsi armé, on n'a pas besoin de l'adhésion des pauvres philosophes.

Le besoin d'une métaphysique s'impose irrésistiblement à tout homme, et, sur les points essentiels, les religions tiennent justement lieu de métaphysique à la grande masse qui est incapable de penser. Elles la remplacent même fort bien : car d'une part elles dirigent l'action, en tenant toujours déployé, suivant la belle expression de Kant, le drapeau de l'honnêteté et de la vertu, et d'autre part elles sont une consolation indispensable au milieu des épreuves douloureuses de la vie; dans les moments de souffrance, elles jouent absolument le rôle d'une métaphysique objectivement vraie, car elles détachent l'homme de lui-même et le transportent par delà l'existence temporelle.

C'est ici qu'éclate la valeur profonde des religions, je dirai plus, leur caractère indispensable. Platon déjà disait avec raison (De Rep. IV, p. 89, Dip.) : φιλόσοφον πλῆθος ἁδύνατον εἶναι [Il est impossible que la foule soit formée aux choses de l’esprit.] Mais voici la pierre d'achoppement : c'est que les religions ne peuvent jamais avouer leur nature allégorique ; elles sont obligées de se présenter comme vraies, au sens propre. Par là elles empiètent sur le domaine de la métaphysique proprement dite et provoquent l'antagonisme de celle-ci, antagonisme qui s'est manifesté à toutes les époques où la pensée philosophique n'était pas asservie et mise en tutelle.

Le peuple a besoin d'une religion, elle est pour lui un bienfait inestimable. Mais si les religions prétendent faire obstacle aux progrès de l'esprit humain dans la connaissance de la vérité, on doit les écarter — avec beaucoup de ménagements, bien entendu. Demander qu'un grand esprit même, un Shakespeare ou un Gœthe, se convainque impliciter, bona fide et sensu proprio des dogmes d'une religion quelconque, ce serait demander à un géant d'entrer dans la chaussure d'un nain.

Or, il semble presque qu'il en soit des religions comme des langues : les plus vieilles sont les plus parfaites; si je voulais voir dans les résultats de ma philosophie la mesure de la vérité, je devrais mettre le Bouddhisme au-dessus de toutes les autres religions. En tout cas, je me réjouis de constater un accord si profond entre ma doctrine et une religion qui, sur terre, a la majorité pour elle, puisqu'elle compte plus d'adeptes qu'aucune autre.

Je ne puis établir, comme on le fait généralement, une différence fondamentale entre les religions, selon qu'elles sont monothéistes, polythéistes, panthéistes ou athées. Ce qui selon moi les différencie, c’est leur manière de voir optimiste ou pessimiste.

Si le christianisme a eu la force de triompher du judaïsme d'abord, puis du paganisme gréco-romain, il en est redevable uniquement à son pessimisme, à cet aveu, directement contraire à l'optimisme juif et païen, que notre état est fort misérable et même qu'il est un état de péché. Quand cette vérité profondément et douloureusement sentie de tous se fit jour, elle amena à sa suite le besoin d'une rédemption.


3. Le mal et la souffrance dans les religions
Mal moral : atteinte à la morale, aux dix commandements, conséquence de l’actions des sujets
Mal physique : dont aucun humain n’est responsable

Le mal et la souffrance dans l’hindouisme
L'un des concepts clef de la pensée indienne est sans aucun doute celui de souffrance. Les trois principales religions originaires de l'Inde — l'Hindouisme, le Bouddhisme et le Jainisme — ont fait de la souffrance le thème central de leur pensée religieuse et philosophique en faisant de la libération le but ultime de l'existence humaine ; cette libération signifie avant tout la délivrance totale et définitive de toute souffrance

Pour l'hindouisme, l'apparition (comme la disparition) de la souffrance est soumise à une loi immuable de causalité, dite loi du Karma, dont Dieu, (Brahma, Vishnu, Shiva) ne peut que surveiller l'exécution : chacun subit les conséquences de sa vie antérieure.

Dans la vision hindoue de la souffrance, toute souffrance est punition méritée pour le mal accompli dans les vies passées, et donc il y a dans ce monde une stricte justice.

Le mot « Karma » désigne l'ensemble des mérites et des démérites d'une personne à un moment donné de son existence. On suppose que les mérites et les démérites sont attachés à l'âme de quelqu'un comme le sont ses qualités, ou encore à un corps subtil qui accompagne l'âme tout au long des réincarnations jusqu'à la délivrance du cycle des vies trans-migratoires, la Moksha.

Le mal et la souffrance dans le bouddhisme
Ce qui différencie profondément le nirvana bouddhiste de la moksha hindoue, c’est la question de Soi, du Référent Absolu. Le Soi disparaît chez les bouddhistes, pour qui il devient un nouveau leurre, une autre tentative de saisie de l’insaisissable, un nouveau piège sur le chemin de la délivrance. Cette conviction fonde la doctrine de l’ anatman, le non-soi, le non-permanent…. Toute intervention de la divinité est exclue dans le bouddhisme…

Si donc une forme de souffrance est inhérente au fait d’exister pour les hindous comme pour les bouddhistes, parce qu’elle est la conséquence de la loi du karman produisant l’enfermement dans le cycle des transmigration (samsara) son dépassement ne s’inscrit pas dans des cadres de références identiques.
A la question hindouiste : « Pourquoi ne sommes nous plus comme des dieux ? », la pensée bouddhiste substituerait  « Pouvoir venir à l’existence ? 


Le problème du mal dans les monothéismes
Les théodicées
Ce qui est insupportable, ce n’est pas la souffrance mais le fait que la souffrance n’ait pas de sens, remarquait Nietzsche. Le mal devient donc un problème très difficile pour les théismes.

En effet, il y a une contradiction entre les trois thèses suivantes :
 (1) Dieu est tout-puissant.
(2) Dieu est suprêmement bon.
(3) Le mal existe.

C’est là le problème du mal, lequel est à l’origine des théodicées (du grec théos, dieu, et dikê, justice), c’est-à-dire les tentatives de justification d’un Dieu qui régit l’univers (au sens des théismes). Puisque ces trois thèses ne peuvent être maintenues ensemble, il faut renoncer à l’une ou l’autre. Puisqu’on ne peut guère renoncer à la bonté divine, les deux grandes manières principales de défendre Dieu sont les suivantes : (1) dire que le mal n’existe pas (ou n’existe pas vraiment) (2) dire que Dieu n’est pas (vraiment) tout-puissant

1. Le mal n’existe pas
a. Le mal n’existe pas
Le mal n’existe pas, ou plus exactement le mal n’est rien de positif : il n’est qu’une privation, un manque, une absence, une faiblesse, une ignorance (Platon, saint Augustin, saint Thomas, Spinoza). Nul n’est méchant volontairement (Platon). Le mal n’est rien de positif, il est une passion, il procède de l’erreur, il est un manque, une impuissance (Spinoza).
Critique : ces arguments ne portent que sur le mal moral, et laissent le mal physique de côté. Or la souffrance n’est pas une simple absence de bien-être.

b. Le mal est la condition du bien
Le mal moral
Selon les Stoïciens (et aussi, sans doute, selon le taoïsme), le mal moral est la condition du bien moral : sans vices, pas de vertu. Il n’y aurait pas de vertu si la faute était impossible. Le mal est nécessaire au bien. Il faut des difficultés pour révéler la force : « A vaincre sans péril on triomphe sans gloire ».
Le mal physique
Une autre manière de justifier le mal est de souligner la valeur biologique de la douleur, comme le faisait déjà Aristote. C’est ce que fait aussi Descartes, dans la VIe méditation métaphysique : « rien [d’autre que la douleur] n’eût si bien contribué à la conservation du corps ». Dieu est donc disculpé du mal physique.

2. Dieu n’est pas tout-puissant
Pourquoi ne pouvait-il pas éviter le mal (dans ce monde) alors qu’il doit pouvoir le faire cesser (dans un autre monde) ? Trois réponses peuvent être proposées :
a. Le mal vient de la matière
Platon introduit l’idée que le mal vient de la matière. Dans le Timée il suppose qu’il existe d’une part la matière, une masse originelle informe, et d’autre part une forme idéale, une intelligence qui vient la mettre en ordre. La matière serait l’origine du mal, tandis que tout ce qui vient de l’idée, de la forme, de Dieu, est bon. Cette théorie s’adapte bien au christianisme, qui voit dans la chair le lieu et l’origine du mal. Chez Platon comme dans la religion chrétienne, le salut de l’âme doit être cherché par l’ascèse et le détachement d’avec le corps.
b. Le mal vient des créatures (libre arbitre)
La théodicée la plus moderne tente de résoudre le problème par le libre arbitre. Pour innocenter totalement Dieu, il faut pouvoir inculper totalement l’homme. Il faut donc supposer une liberté absolue de la volonté humaine : le libre arbitre. On trouve déjà l’idée chez Platon, qui disculpe les dieux par les âmes dans le mythe d’Er. C’est ensuite saint Augustin (354-430) qui invente le concept de volonté. Il est intéressant de voir que la volonté et le libre arbitre ont été inventés à des fins théologiques, c’est-à-dire au fond à des fins morales. Le mal moral est donc expliqué : il vient de l’homme (péché). Le mal physique vient de la justice divine qui punit le coupable (punition du péché).
c. Dieu n’est pas cause des détails
Selon les Stoïciens et Leibniz, le monde considéré comme un tout est bon, ou du moins le meilleur possible, même si dans le détail il comporte des maux. Les hommes qui se plaignent sont myopes. Le meilleur monde n’est pas celui qui est sans mal : un monde sans mal serait moins riche et donc moins parfait. Le meilleur monde est celui dans lequel un peu de mal permet le maximum de bien. Il faut des ombres pour que le tableau, dans son ensemble, soit plus beau. Bref, Dieu n’est pas la cause des détails – or, c’est bien connu, le diable est dans les détails.

Le mal et la souffrance dans la bible
Le livre de la genèse (gen 2 et 3)
En créant Adam et Eve, Dieu leur donne la liberté de rester attachés a leur Créateur ou de se détourner de lui. Pour qu'ils puissent exercer cette liberté, Dieu place dans le jardin d'Eden l'arbre de la connaissance du bien et du mal (Gen 2.8-9). Dieu leur donne également la capacité de choisir en leur donnant une connaissance des choses et en les avertissant des conséquences de leur choix (Gen 2.17). Jouissant de ces deux qualités, Adam et Eve sont responsables de leur décision.
Le choix d'Adam et Eve ne porte pas seulement sur le fait de manger ou non un fruit, mais avant tout sur celui de obéir ou désobéir rester attachés à Dieu ou de se détourner de lui.

Il n'y a, en fait, aucune mention de « péché originel » dans le texte de la Genèse. La doctrine du « péché originel », est rejetée par le judaïsme, doctrine considérée comme un dévoiement de sa mythologie hébraïque par les docteurs chrétiens. (Esentiellement St Augustin d’Hippone au 4e siècle)
Dans l'islam, le péché d'Adam est décrit explicitement dans le Coran à maintes reprises. Satan incite Adam à manger de l'arbre interdit, ce qui lui attire la colère de Dieu. Adam se repent aussitôt et Dieu lui pardonne, mais il doit quitter le paradis avec sa femme et vivre sur terre avec leur descendance. Contrairement à la doctrine chrétienne du péché originel, le péché d'Adam a été pardonné par Dieu et l'humanité ne porte pas en elle ce péché.

Le livre de job
Dieu met Job à l’épreuve pour savoir s’il a vraiment la foi. Malgré toutes les épreuves qu’il subit, le pauvre Job reste fidèle à Dieu, aussi celui-ci finit-il par le couvrir de bienfaits. Le mal serait donc une épreuve à laquelle Dieu nous soumet pour tester notre foi, notre fidélité.
Reconnu par les trois monothéismes, Le livre explique que ce n'est pas parce que l'on a des afflictions que l'on a nécessairement péché. Dieu peut utiliser l'affliction pour donner de l'expérience, de la discipline et un enseignement aussi bien que pour punir. Pour l’homme, le pourquoi des souffrances est inconnaissable.

Noé
Depuis Adam, les hommes sont devenus mauvais, et Dieu projette d'exterminer toute forme de vie animale. Il décide d'épargner toutefois Noé, le seul homme juste. Il lui ordonne de fabriquer une arche, et de s'y réfugier avec sa femme, ses fils et leurs femmes, ainsi que des couples de chaque espèce animale. Puis Dieu déclenche le Déluge.

Le mal et la souffrance dans le judaïsme
Pour le judaïsme, ce qui suscite le mal et la souffrance, c'est une désorganisation à l'intérieur de l'ordre voulu et créé par Dieu. Pour comprendre comment apparaît ce pouvoir désorganisateur, il faut savoir que, pour le Judaïsme biblique, Dieu crée le monde non pas « ex nihilo »  mais à partir d'un « tohu bohu »  primitif. Et la tâche de Dieu est tout autant de contenir le désordre maléfique produit par ce tohu-bohu que de créer et de maintenir l'ordre de notre univers lui-même, Adam et Eve, les lieux-tenants de Dieu ont pour vocation de susciter la vie, de fertiliser le monde et de dominer le Serpent (cf Gen 3) et ceci ne peut se faire que dans la souffrance du fait de la résistance de matière première de ce monde à ce travail. Ainsi, comme pour Plotin, « le mal est comme l'ombre portée de la matière » [6]. Mais à la fin des temps, ce tohu bohu primitif sera aboli dans « les nouveaux cieux et la nouvelle terre » que Dieu créera.
 Dans la pensée biblique, la souffrance peut être aussi considérée comme une mise à l'épreuve des fidèles, pour tester leur foi et leur confiance en Dieu. Celui qui sort vainqueur en est « épuré », c'est-à-dire plus fort. La souffrance a ainsi une valeur formatrice.

Le mal et la souffrance dans le Christianisme
Le plus souvent, à la différence des religions asiatiques, le christianisme a pensé la souffrance comme la conséquence du péché de l'homme et non pas comme la manifestation d'un mal qui serait inhérent au fonctionnement du cosmos et aux manifestations de la vie en général. Cette position peut surprendre puisque les animaux, les plantes et la Terre elle-même souffrent aussi, chacun à leur manière, sans pourtant être soumis au péché originel.

Contre les manichéens, saint Augustin nie que l' homme soit essentiellement mauvais; mais il affirme, à rencontre des Pélagiens, que sa nature est pervertie par le péché originel et requiert guérison. Nous pouvons faire bon usage de la peine que constitue pour nous la concupiscence, tandis que la loi sainte en soi ne produit, sans la grâce, que des pécheurs et non des justes. Tout péché naît du libre arbitre, mais celui-ci ne peut suffire à nous justifier.

 On pourra rester perplexe devant ces explication du mal et de la souffrance. Mais, en fait, le message du christianisme n'est pas que là. A la différence de l'hindouisme, le christianisme n'est pas d'abord une théorie théologique tentant de rendre compte du monde tel qu'il est. Il donne peu d’explication au mal et à la souffrance. Il est d'abord la promesse d'une rédemption hors du mal et de la souffrance.

Le mal et la souffrance dans l’Islam
Le Coran nous dit que le bien, le mal et tout ce qui peut arriver dans ce monde arrivent par la Volonté de Dieu. Seul Dieu connaît entièrement Sa Volonté. En tant qu’êtres finis, nous sommes incapables de cerner Son infinie Volonté et Sagesse. Il régit Son univers comme bon Lui semble. Le Coran nous informe que Dieu est le Très-Sage et que tout ce qu’Il fait est bon et juste. Nous devons nous soumettre et nous rendre à Sa Volonté. Le Coran ne nous a pas livré tous les détails concernant la Volonté de Dieu, mais il nous a éclairé par des règles utiles et suffisantes pour nos besoins. Il y a plusieurs points que nous devons garder à l’esprit pour comprendre cette question :
1. Tout d’abord, Dieu n’a pas fait de ce monde un monde permanent. Ceux qui réussissent l’épreuve de notre passage sur terre trouveront un monde éternel, parfait et permanent. Ceux qui y échoueront auront à faire face aux conséquences de leurs méfaits et corruption.
2. Dieu a disposé des lois matérielles et morales dans cet univers. Dieu permet à la souffrance d’avoir lieu lorsque une ou plusieurs de ces lois sont violées. Les lois matérielles sont basées sur le principe de causalité.
3. La souffrance peut aussi constituer une épreuve pour certaines personnes. Dieu permet que certaines personnes souffrent afin de tester leur patience et leur endurance.
4. Parfois, Dieu permet que certaines personnes souffrent pour mettre les autres à l’épreuve, pour voir comment ils se comportent avec eux.

Conclusion
Finalement, si on accepte l’idée de Dieu, c’est peut-être le livre de Job (de l’Ancien Testament) qui offre la théodicée la plus cohérente. Dieu met Job à l’épreuve pour savoir s’il a vraiment la foi.
Cette conception des choses est logiquement très solide : tout le caractère incohérent et absurde du monde et de la religion s’explique comme un test suprême : Dieu a arrangé le monde de telle sorte que notre raison nous écarte sans cesse de la religion, et ainsi il est certain que ceux qui sont croyants malgré tout font preuve d’une véritable foi, une foi parfaite qui défie toute logique : une foi absolument pure.





Martin Videcoq