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à déterminer
Pierre-Jean Dessertine

Le café-philo d'Apt ne pourra plus se réunir au Restaurant de La Tour de l'Ho. Il recherche un lieu d'accueil sur Apt.

Ce peut être un autre établissement bar-restaurant, ou aussi un espace dans un établissement public s'il permet d'apporter une collation à consommer sur place dans le respect des lieux.

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La démocratie est-elle illusoire ?


Compte-rendu Café-philo Apt du 22/02/2013

Présentation de la question par Jacques Roux

Le problème de la démocratie n’est pas abordé de front, mais  selon un angle original.
C’est la notion de représentation, dans sa généralité, qui sert de voie d’entrée dans la problématique.
La représentation est considérée comme le symptôme d’un fonctionnement social pathologique. Elle est en effet essentiellement normative : l’anormal serait ce qui n’a pas droit à la représentation.
La représentation peut donc être lue comme l’expression d’une configuration psychologique névrotique. Le névrose n’est-elle pas une crispation sur des signes de valeurs afin d’y faire rentrer à tout prix tout ce qui advient ?
Cette interprétation serait confirmée dans le champ politique, par les deux domaines d’exclusion de la représentation :
la monarchie absolue,
l’exigence populaire de démocratie directe.
Le monarque absolu exclut la représentation parce que son action vaut toujours pour elle-même ; mais il en est de même du peuple qui agit pour refuser le pouvoir établi.
C’est pourquoi la bourgeoisie crée la catégorie psychiatrique de « paranoïa ». Elle disqualifie ainsi comme cas pathologique le monarque qui prétend tout régenter avec ordre et clarté.
Mais le peuple révolté subit le même sort car, selon l’orateur, la catégorie psychiatrique de « schizophrénie » a été créé par la bourgeoisie pour disqualifier comme pathologique son comportement fauteur de troubles.
Entre ces deux pôles – l’omnipotence du monarque et la confusion de la démocratie directe du peuple – la bourgeoisie, arrivée au pouvoir, a ménagé l’espace de la représentation.
Dans le domaine politique cela se traduit par la démocratie élective de représentants des sociétés occidentales depuis les révolutions de la fin du XVIII° siècle.
L’orateur approfondit la compréhension du champ politique actuel à travers cette grille d’interprétation psychiatrique. Notre démocratie élective exprime la névrose bourgeoise. Comme toute névrose, elle se développe sur un refoulement, celui d’une réalité sociale infiniment plus riche que les représentants qu’elle promeut voudraient la faire paraître ? Cette richesse est représentée par le peuple, dont la prétendue schizophrénie n’est que l’expression de l’angoisse bourgeoise face à la possibilité d’un monde qui aurait mis bas toutes ses valeurs, en particulier sa valeur suprême : la valeur d’échange (l’argent).
Si bien que cette présentation se termine sur une note optimiste. Le monde névrosé bourgeois est une impasse qui ne peut que mener à la mise à découvert de la vitalité sociale qu’il refoule. L’orateur s’appuie en particulier sur des mouvements actuels de réforme politique qui lui paraissent prometteurs. C’est le cas du projet de refondation constitutionnelle initié par Étienne Chouard. Ce projet évacue en effet la représentation en préconisant la désignation des responsables politiques par tirage au sort.
Références (site Internet de Jacques Roux) :
http://melchisedek.free.fr/amphibologie/
http://melchisedek.free.fr/encoreuneffort/

Débat

Les participants ont exprimé leur intérêt pour l’acuité du regard sur la démocratie apporté par cette approche psychiatrique. Ils ont cependant surtout échangé sur les problèmes que pose notre système politique actuel qui se proclame « démocratie », prenant au mot, et de manière concrète, l’intitulé de la soirée « la démocratie est-elle illusoire ? ».
Ce fut surtout l’illusion d’être « représenté » par les élus qui fut soulignée. Ceux-ci, en effet, ont été décrits comme une élite dominante qui arrive relativement bien à se perpétuer, en s’appuyant en particulier sur la complaisance des médias pour franchir les échéances électorales. Outre cette complaisance, ont été dénoncés en particuliers : les formations élitistes (Sciences Po, ENA, etc), le cumul des mandats, la reconductibilité indéfinie des mandats, la mainmise des partis sur les candidatures et le rôle déterminant de l’argent dans les élections.
Mais les échanges ont permis aussi de mettre en valeur d’autres aspects de la vie politique qui ont amené à nuancer ce diagnostic négatif. Ainsi a été mis en évidence le rôle incontestable de représentant et de gestionnaire désintéressé que peut prendre très souvent l’élu local, surtout dans les petites communes ou collectivités. On a également souligné l’importance d’espaces nouveaux de démocratie directe sur Internet qui ont montré leur potentiel en certaines occasions, en particulier lors du référendum sur le traité constitutionnel européen de 2005. On a enfin reconnu la responsabilité des citoyens dans l’ankylose de la démocratie représentative : ce sont eux aussi qui acceptent d’être divertis au lieu de surveiller les agissements de leurs élus, comme ce sont eux qui se laissent très souvent séduire par les sollicitations passionnelles (les images de la figure paternelle, du sauveur, de la peur, etc.) au lieu de privilégier la raison et le débat sur les problèmes de la société.

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