L'errance
:
fuite ou sauvegarde ?
Marchons-nous
pour fuir nos démons ?
Pour apprendre à être libre ?
Ou encore pour exprimer un mal-être existentiel ?
Pour apprendre à être libre ?
Ou encore pour exprimer un mal-être existentiel ?
Présenté
par Catherine Pageard,
diplômée
de psychologie clinique, écrivaine et traductrice,
vit à Bonnieux, où elle enseigne le français à des adultes.
vit à Bonnieux, où elle enseigne le français à des adultes.
Le thème sera présenté par Catherine Pageard, diplômée de psychologie clinique, écrivain et traductrice, qui vit à Bonnieux, où elle enseigne le français, langue étrangère, à des adultes. Ses traductions littéraires ont paru aux Presses de la Cité et chez Belfond ; ses traductions spécialisées, dans le domaine médical et paramédical grand public, aux éditions Sully et Trédaniel. Ses livres de cuisine, recueils à la fois de recettes et de préceptes diététiques, aux éditions Ambre.
Lectrice de Giono, elle a donné des conférences aux États-Unis dans le cadre des Alliances françaises et des articles au Bulletin des Amis de Jean Giono.
Passionnée des formes brèves, une grande part de ses nouvelles a été publiée dans des revues et recueils (L’oracle, Editions Sépia, Ecriture, Prix Albertine Sarrasin, journal d’artiste La Fabrique, Brèves, Mauves en noir....).
Autour de Rêves de passage, un recueil de proses poétiques paru en 2011 et de son thème (L'errance) : des lectures publiques et des échanges à retrouver sur le blog de l'auteur. www.catherinepageardblogspot.com
Marche ou errance ? comment faire le distinguo ?
En s'appuyant pour commencer sur le livre de Frédéric Gros :
Marcher, une philosophie.
Frédéric Gros, marcheur et philosophe, est l'éditeur des
derniers cours de Michel Foucault.
Il décrit dans son livre la marche dans tous ses états et
recense ces fameux états par l'entremise de figures connues :
•
Nietzsche qui
considérait que le vrai pêché contre l'esprit était de demeurer assis – voir
aussi le livre que lui a consacré Stefan Zweig.
•
Rousseau qui ne
pouvait composer qu'en marchant
•
Rimbaud, le génial
piéton
•
Kant, et sa promenade
quotidienne
F Frédéric Gros
n'emploie le mot errance qu'à propos de Nerval et il parle alors de « marche fiévreuse de la quête ». Et c'est là, en
effet, qu'il faut tracer la ligne de démarcation entre :
- la marche que nous
connaissons tous (balades dans la nature, promenades, déplacements en vile,
flâneries)
et
- l'errance,
expression d'une quête, recherche de quelque chose ou de quelqu'un.
Le double visage de l'errance
errance choisie ou errance subie ?
Dans Daoren, un rêve habitable, Claude Margat,
écrivain, marcheur et peintre taoïste écrit Sur le cercle de mon parcours,
je retrouve chaque fois les livres, l'errance, la contemplation, l'atelier de
peinture, le sommeil. Depuis plus de vingt ans, je me borne à explorer un
secteur géographique réduit. J'y ai découvert d'incroyables trésors naturels...
p 253
Claude Margat est taoiste. Il pratique la peinture de
paysage à l'encre. Le secteur géographique dont il parle, c'est l'estuaire de
la Charente, le marais charentais, les alentours de Brouage. Bien qu'il soit un
marcheur émérite, il emploie également le mot errance – ou déambulation
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Gwenaëlle Aubry, philosophe et romancière, a retrouvé,
à la mort de son père, ses carnets dans
une chemise sur laquelle il avait écrit « A romancer ». Cet éminent
juriste, professeur à la Sorbonne et enseignant à l'ENA, souffrait de mélancolie : il était
maniaco-dépressif.
Je vais lire, extrait du livre qu'elle lui a consacré
(intitulé Personne et publié au Mercure de France) un passage qui
pourrait porter pour titre : Fuir !
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Voici donc le double visage de l'errance :
choisie et même revendiquée ou alors subie comme une sorte de malédiction.
Fugue et vagabondage.
Le mot dromomanie a disparu des dictionnaires. Il a
été inventé en 1893 par Etienne Régis, un psychiatre qui exerçait ses talents à
Bordeaux. Avant, on parlait d'automatisme ambulatoire ou somnambulique, de
vagabondage impulsif. Ensuite il sera question de fugue amnésique ou
consciente.
Dans tous les cas, il s'agit d'un abandon impulsif de
domicile ou de lieu de travail à l'insu de l'entourage. Comme dans l'épisode de
Jean B., le somnambule (in Rêves de passage) la destination peut avoir
une signification affective ou symbolique. En général, le fugueur est seul.
Mais les enfants et les adolescents partent parfois à quelques uns
Comment différencier la fugue du vagabondage ?
En référence à la durée.
Le vagabond est un fugueur qui s'est installé dans la
durée.
Il y aujourd'hui parmi les jeunes une forme de
vagabondage, en partie saisonnier, qui par certains côtés s'apparente à la
fugue. Jeunes en errance à la rencontre desquels est parti François Chobeaux et
dont il rend compte dans un livre intitulé Les nomades du vide. Ces
jeunes sont ce que l'on appelle encore aujourd'hui des zonards – le terme n'est
pas péjoratif puisque que c'est ainsi qu'ils se nomment eux-mêmes. Nous ferons
à cette occasion un petit détour par la zone.
Cette dimension de l'errance est évoquée dans Petite soeur, tiré de Rêves de passage.
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Les personnes présentes reconnaîtront peut-être une
femme que l'on croise à Apt, puis en montant vers Saignon.
La lecture de ce texte permettra d'aborder une
dimension bien particulière de l'errance : le fait qu'il y ait très peu de
femmes errantes et clochardisées.
Très
peu de femmes parmi les clochards, les vagabonds, les zonards, les travellers :
dix pour cent en moyenne. Il paraît que nous nous détournons moins facilement
que les hommes du réel, que nous sommes plus résistantes à la
désocialisation, moins sujettes à la pathologie du lien à soi aux autres au
monde...
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